mardi 19 août 2014

Renard et le réseau

Louis Renard,
extrait du site VRID
Lorsque l'on parle de résistance dans la Vienne durant l'occupation, on pense particulièrement au "réseau Renard", créé en 1940 par Louis Renard.
Je reste plutôt attaché au XVIIe et XVIIIe siècle, aussi ne suis-je pas vraiment un spécialiste de la question. Aussi, je me permets de vous renvoyer à de nombreuses biographies et monographies sur le sujet, pour plus de détails (du reste, ce sont mes sources, comme notamment le VRID — Vienne Résistance Internement Déportation ou la monographie sur le réseau Renard, éditée par ONAC). Je m'excuse donc pour cette biographie maladroite.
Louis Renard, né le 7 décembre 1893 à Poitiers, était le fils de Georges Louis Alexis Renard, négociant demeurant rue des Cordeliers (futur Monoprix — je présume), et de Clothilde Marie Berthe Périssé.
Il eut un frère, Henri François Étienne, né le 15 avril 1895 en cette même ville, et qui mourut de blessures de guerre à Crouy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne), le 25 juillet 1918, et à ce titre, doit apparaître dans le recensement de notre ami Fred. Du reste, Louis lui-même échappa de peu à la mort : il eut le poumon perforé en 1914 et perdit l'oeil droit à Verdun en 1916. Ses blessures et sa conduite lui valurent la légion d'honneur (Chevalier en 1916 et Officier en 1937), et la Croix de guerre avec palmes[1].
Capitaine de réserve et avoué au tribunal civil de profession, il fut mobilisé en 1939 et n'accepta pas la défaite. Le 31 août 1940, il écrivit au général de Gaulle et créa, avec un groupe de proches, un journal clandestin : "Le Libre Poitou", qui parut régulièrement entre octobre 1940 et septembre 1942.
Gaston Chapron, huissier de justice dont l'étude se situait à proximité de celle de Renard, créa dans le même temps un groupe d'une dizaine de personnes dont les objectifs étaient le renseignement, le sabotage et l'organisation de filières pour le passage de la ligne de démarcation. Leur premier coup de maître, le 7 avril 1941, fut la prise en charge de l'équipage d'un bombardier britannique, contraint de se poser près de Maillé, qui, grâce à ce réseau, rejoignirent Marseille. Renard le découvrit et les deux groupes fusionnèrent. Celui-ci en devint le chef. Le réseau Renard prit de l'importance dans la Vienne, et on en comptait plus de 150 membres en 1942. 
Malheureusement, l'année 1942 devint la sinistre année du groupe. Le 30 juillet, des agents postaux à Niort découvraient dans un colis des documents à tendance "gaulliste" et avertirent leur hiérarchie, qui prévint les autorités. Le colis fut remis à son destinataire (Verbruggen, correspondant de Renard à Niort), qui fut arrêté. Par la suite, Louis Renard lui-même était arrêté, le 31 août, à Ligugé, bien après que les archives du réseau ne fussent découvertes par les autorités. Louis Renard, lors de son interrogatoire le 11 septembre suivant, ne peut que « mesurer l'étendue des dégâts ».
Une centaine de personnes sont arrêtés, et une trentaine d'entre eux sont inculpées de "menées antinationales". Celles-ci sont transférés à Fresnes le 12 février suivant, puis envoyées en Allemagne à la prison de Trèves le 18 février, et le lendemain au camp de concentration d'Hinzert (Louis Bordas et Joseph Riedinger y moururent). Enfin, ils furent emmenés à la prison de Wolfenbüttel, où un simulacre de procès condamna à mort dix d'entre eux : Louis Renard, Louis Cartan, Théodore Lefebvre, Jacques Moreau, Jacques Levrault, Clément Péruchon, le civraisien Pierre Pestureau, que j'évoque ici, Paul Préaux, Louis Toussaint et le père Lambert de l'abbaye de Ligugé. Ils furent guillotinés le 3 décembre 1943, ne sortant de leur cachot que pour se rendre à l'échafaud, tout en chantant La Marseillaise. Par la suite, nombre de leurs compagnons moururent dans les camps ou dans les prisons (parmi lesquels, notamment, l'ancien secrétaire d'état à la guerre Gaston Hulin).
Le titre du "Libre Poitou" fut repris après la guerre. Il existe toujours, ayant pris le titre actuel de "Centre-Presse", en 1958, lors de son rachat par Robert Hersant.

Comme je l'évoquai au début de cette note, Louis Renard était fils d'un négociant, Georges Louis Alexis Renard et de Clothilde Marie Berthe Périssé. Ses ancêtres Renard venaient de Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher), où l'un d'eux fut vignerons. Sa grand-mère paternelle, Louis Adrienne Fougeray, avec laquelle son père tenait boutique en 1891 à Poitiers, avait des origines sarthoise (Sainte-Cérotte) et tourangelle (Loches).
Je me suis demandé si je n'avais pas un lien de parenté avec Louis Renard, en recherchant, pourquoi pas, dans son ascendance maternelle. Clothilde Périssé, native de Vouillé, était la fille de Jean-Philippe Périssé, gendarme à cheval, et de Louise Radégonde Honorine Abonneau. Les Périssé étaient originaires de Haute-Garonne (Estadens pour être précis), et les Abonneau de Vouillé même. Je n'ai pas dénombré pour l'instant un seul de mes ancêtres dans ce secteur de la Vienne (ouest et nord-ouest de Poitiers). Brigitte, et si tu lis ses lignes, peut-être es-tu concernée ?
Toutefois, la mère de Louise Radégonde Honorine Abonneau, Marie-Louise Deschamps, était native de Poitiers intro-muros. Les Deschamps m’entraînent vers les Chevessier, famille dont la plupart des hommes furent charrons à Montierneuf, et dont je suis descendant (mes ancêtres originaires de Poitiers même se comptent sur les doigts d'une main, c'est donc une coïncidence peu ordinaire).
Maurice Chevessier
(~1614-1649),
époux de Françoise Chrestien
(~1620-1653)
Louis
Chevessier
(1644-1700),
époux de Catherine Gond (puis d’Antoinette Rousseau)
Geneviève Chevessier
(1646- ?),
épouse de Jacques Desmontagnes (puis d’Hilaire Février)
Jean
Chevessier
(1677-1710),
époux de Marie Levrault
Michel Desmontagnes
(1672-?),
époux de Marie Surreau
Pierre René Chevessier
(1709-1768),
époux de Marie Minereau
Marie-Jeanne Desmontagnes
(1700-1770),
épouse de Pierre Pelletier
Louise
Chevessier
(1742-1814),
épouse de Simon Deschamps
Marie-Jeanne Pelletier
(1731-1796),
épouse d'André Provost
Pierre Deschamps
(1766-1840),
époux de Marguerite Cartaud
Pierre
Provost
(1766-1820),
époux de
Marie
Sandillon
René
Renard
(1786-1855),
époux de
Marie
Bagland
(1792-1840)
Étienne Louis Fougeray
(1803-1869),
époux de Marthe Pauline Bourgeois
(1807-1867)
Jean-François Périssé
(1788-1865),
époux de Jeanne Anne Duchein
(1796-1850)
Marie-Louise Deschamps
(1814-1892),
épouse de
Joseph
Abonneau
(1815-1894)
Pierre
Provost
(1798-1866), époux de
Suzanne
Rivière
(1803-1845)
Louis
Jean
Renard
(1831-1866)
Louise
Adrienne
Fougeray
(1834-?)
Jean-
Philippe
Périssé
(1838-?)
Louise Radégonde Abonneau
(1843-?)
Marie Provost
(1828-1898),
épouse de Jacques Pissard
Georges Louis
Alexis
Renard
(1861-?)
Clothilde Marie
Berthe
Périssé
(1866-?)
Charles Pissard
(1859-1923),
époux de Marie-Léontine Bardeau
Louis Renard
(1893-1943),
époux de Marie Germaine Thérèse Marsaudon
Louis Pissard
(1885-1932),
époux de Marcelline Georgine Lebeau
(1888-1981)
mes grands-parents
mes parents
et moi !



Notes :
[1] — Louis Renard sur Wikipedia.