Lorsque j'évoque la généalogie avec un tiers, on est souvent surpris. J'y réponds par l'adage suivant : « Pour savoir où je vais, je veux savoir d'où je viens ».
Eh bien, voyons ça.
Comme le dit Jean TOSTI (que je remercie) sur son site « le dictionnaire des nom », PISSARD est “assez fréquent en Haute-Savoie, porté aussi dans l'Ouest (79, 86, 16), c'est bien sûr un terme péjoratif appliqué à celui qui pisse beaucoup (et qui sans doute boit beaucoup aussi !).”
Je ne lui donnerai pas tort, sauf sur un point : c'est un patronyme presque aussi important à l'Ouest qu'à l'Est, et, étant du Poitou, j'aurais tendance à dire que PISSARD est assez fréquent dans le Poitou, et également porté en Haute-Savoie.
Intéressons-nous
donc de l’origine du mot, c’est-à-dire de l’origine du verbe pisser. Même si le
terme prête à sourire, pour notre compréhension, il faut absolument savoir que
ce verbe n’est considéré comme vulgaire que depuis le XIXème siècle.
Du CNRTL (2008), nous apprenons que l’une des premières utilisations avec son
sens propre dans la langue française est datée d’environ 1180 : sor lui pissa li goupiz, cité dans les
Fables de Marie de France, éd. K. Warnke. A peu près à la même époque, vers
1200, il marquera le mépris : ras
pisoit sor vous por vos honir, dans Beuve de Hantone, éd. A. Stimming.
C’est en 1883 que l’on rencontre le proverbe pisser dans un violon, de FUSTIER,
suppl. dict. Delvau.
Sur le
verbe pisser, le Nouveau Dictionnaire Encyclopédique Universel Illustré de Jules
Trousset (édition de 1891) nous cite les
expressions suivantes : C’est
Jocrisse qui mène les poules pisser (se dit d’un homme qui se mêle des
moindres détails du ménage) – pisser le
sang tout clair – pisser du pus.
Le Petit Robert (édition de 1967)
nous indique que ce verbe daterait du XIIème siècle, que ce serait
un verbe de formation expressive, du latin populaire pissiare. Le verbe pisser
entre dans plusieurs locutions populaires : Il pleut comme vache qui pisse (à verse) – C’est comme si on pissait dans un violon (se dit d’une action,
d’une démarche absolument inutile) – Laisser
pisser le mérinos – Il y a de quoi
pisser de rire – Pisser sur quelqu’un.
L’emploi du verbe transitif donne les expressions suivantes : Son nez pisse le sang – Ce réservoir pisse l’eau de tous les côtés
– Pisser de la copie (dans
Bernanos : Des cuistres, ivres de
l’antique…qui…pissent du Plutarque jour et nuit).
Le Dictionnaire Français Illustré des Mots et des Choses de Larive et
Fleury (édition de 1899) nous donne les formes dérivées suivante du verbe pisser : pissat – pissement – pissoir – pissoter – pissotière. Le livre des expressions québécoises de
Pierre Des Ruisseaux (édition Hatier – 1979) nous rapporte l’expression
suivante : avoir les jambes à la
pisse (se dit surtout d’une femme dont la courbe particulière des jambes
rappelle l’attitude de celui qui a fait dans sa culotte – signifie avoir les
jambes arquées).
Le Dictionnaire
étymologique des noms de famille et prénoms de France par
Albert Dauzat ( Références - Larousse – 1980 nous indique que le patronyme
Pissard, péjoratif, signifie qui pisse souvent, comme les patronymes Pisseau,
Pisson, Pissavin, Pissis (Puy- de-Dôme). Il donne également le dicton charentais : Si Saint-Médard est pissard, il faut que Saint Barnabé bouève ce
que l'a pissé.
Bon, ben maintenant, on sait d'où je viens. ;-)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire