dimanche 22 octobre 2017

La Croix Papuchon d'Usson-du-Poitou

Il est des Croix au détour d'une route qui vous intriguent. Celle-ci est découverte en bordure de la route départementale n°29, entre grossièrement Saint-Secondin et l'axe Bouresse-Usson-du-Poitou. La route formant la limite entre les communes de Saint-Secondin et d'Usson-du-Poitou, la croix se situe sur cette dernière commune.

La Croix Papuchon


Contrairement à bien d'autres croix, celle-ci ne figurent pas sur la carte IGN :

Extrait de la carte IGN

Et ce, bien qu'on est la mention d'un lieu-dit "La Croix Pichette" immédiatement au Nord de l'emplacement de la Croix Papuchon, sur la commune de Saint-Secondin.

Ainsi donc, venons-en à la pierre, qui porte cette inscription :

DP
1922
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PAPUCHON
THEOBAL
1877

Grâce au ge86, la personne concernée n'est pas difficile à trouver : il s'agit de Théobal(e) Papuchon, né le 15 décembre 1815 à Béthines et fils de François, marchand, et de Marguerite Pennetier. Cet homme, avec lequel je partage quelques ancêtres en commun, a quitté son chauvinois natal pour s'installer à Usson-du-Poitou, où il épouse, le 26 octobre 1841, Marie Gourdonneau, fille de Pierre et de Catherine Barbot. À cette époque, il est dit tailleur de pierre, bien qu'il soit mentionné cultivateur l'année suivante, lors de la naissance de son fils Pierre.
La dernière évocation trouvée de cet homme concerne l'acte de décès de cet enfant, le 2 juillet 1843. La famille disparaît des registres de la commune, et je ne l'ai pas retrouvé dans le secteur.
Quel est donc le lien entre cet homme et la croix mentionnant son nom ? Et ces dates, 1877 et 1922 ?

Info de dernière minute (merci Marianne), le dit sieur Papuchon vit à partir des années 1870 dans le village de Faulle, sur la commune de Saint-Secondin, à proximité de la croix. Il y meurt le 22 mai 1887.

jeudi 12 octobre 2017

Henri de Viart

La Pissarderie y était.
mercredi 11 octobre
Salle annexe de la mairie de Civray
Les Amis du Pays Civraisien

Robert Ducluzeau, habitué des causeries des Amis du Pays Civraisien, nous a transporté à la fin du XVIIIe siècle, à la rencontre d'un jeune noble d'origine poitevine et saintongeaise, Henri de Viart, intégré au collège de Pontlevoy vers 1782.

Au cours de sa formation, il entretient une correspondance abondante avec son père — près de 82 courriers ont été retrouvés — et décrit son quotidien.


Le jeune Henri va poursuivre une éducation militaire maritime à Rochefort (où vit son père), et participe à un trajet jusqu'à la Martinique. A son retour, c'est la révolution.

Émigré avec sa famille en Angleterre, il participe à l'expédition de Quiberon en 1795. Fait prisonnier, il est fusillé dans le champ des martyrs à Brech.

Cette famille de Viart posséda la propriété de la Touche-Vivien, à Chaunay, du chef de la grand-mère paternelle du jeune Henri, Marie-Michèle Dutiers — célèbre famille civraisienne (elle a fourni deux maires à Poitiers).

Lien vers le livre Un jeune noble poitevin dans la tourmente révolutionnaire, La Geste, 2016.

J'ai profité de l'occasion pour faire dédicacer un autre ouvrage de Robert Ducluzeau, Poitevins, médecins des Rois — c'est bien l'un des rares ouvrages contemporains à évoquer l'un de mes ancêtres...

mercredi 10 mai 2017

Miles William, prisonnier de guerre anglais

L'an mil huit cent neuf et le vingtième jour du mois de mars sur les huit heures du matin, pardevant nous Pierre Brothier maire officier public de l'état civil de la commune de Civray canton et municipalité du même lieu département de la Vienne sont comparus le sieur François Moreau concierge de la maison d'arrêt de cette ville et Louis Moreau cordonnier, tous les deux domiciliés en cette commune, le premier âgé de cinquante ans, le second de vingt ans, lesquels nous ont déclaré que le Nommé Miles Williams prisonnier anglais du quatre-vingt-quinzième régiment of fool (infanterie), fait prisonnier à Belfraut en Espagne et allant à Briançon, âgé de vingt ans, est décédé hier dix-neuf du présent sur les cinq heures du soir en ladite maison d'arrêt. Lecture faite du présent acte aux déclarants et ont ans nous signés.

Archives en ligne de la Vienne, Civray, D - 1803 (an XII)-1812, v. 79/115

dimanche 26 mars 2017

Gabriel Carnaval

Gabriel a été baptisé le 20 février 1787 à Charroux. Né a priori la veille, il a été trouvé sous les halles de la ville, et pour le distinguer, il lui a été donné le surnom de « Mardy Gras ».

AD86 en ligne, Charroux, BMS - 1783-1788, v. 77/110

jeudi 2 février 2017

Les Deydier (2) : une histoire de foi

La famille Deydier n'en finit pas de m'intéresser.
Nous avions le curé de Savigné Antoine Augustin Deydier, mort le 1er janvier 1868. La commune qui me tient le plus à cœur.
Et nous avions aussi Jacques Deydier, curé de Saint-Maurice-la-Clouère, décédé lui le 10 novembre 1874 audit lui. Ma commune d'adoption.
Tous deux sont les enfants d'Antoine Deydier et de Catherine Arnal. Tous deux sont originaires de la commune d'Anglards-de-Salers, dans le Cantal.
Comme je l'ai découvert, ils n'étaient pas les seuls membres de la fratrie à venir s'installer dans la Vienne.
Nous pouvons ajouter à cette famille Marie-Thérèse Deydier, décédée le 6 novembre 1859 dans la Communauté des Dames Religieuses, filles de Notre-Dame, à Poitiers. La commune que je viens de quitter ^^.

Archives en ligne de la Vienne, Poitiers, D - 1859, v. 213/252

L'an mil huit cent cinquante neuf, le sept du mois de novembre 
à une heure du soir, par-devant nous Henri Grillaud, chevalier de l'ordre impérial de la légion d'honneur, maire, officier de l'état civil de la commune de Poitiers, Département de la vienne, ont comparu les sieurs François Geay, âgé de cinquante et un ans, jardinier, et Jacques Touzalin, âgé de soixante-quatre ans, regrattier, demeurant tous les deux à Poitiers, lesquels nous ont déclaré que demoiselle Marie Thérèse Deydier, âgée de cinquante-sept ans, religieuse, native d'Aubagnac (Cantal); fille de antoine Deydier et de dame Catherine Arnal, est décédée hier à trois heures du soir, dans la communauté des dames religieuses filles de notre dame, située rue de la trinité. Après nous être assuré dudit décès, avons rédigé le présent acte dont lecture a été donné aux témoins qui l'ont signés avec nous.

Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin, voyons. Feuilletons sur les registres de décès de cette belle capitale poitevine, et trouvons l'acte qui suit :

Archives en ligne de la Vienne, Poitiers, D - 1883, v. 71/278

Archives en ligne de la Vienne, Poitiers, D - 1883, v. 71/278

L'an mil huit cent quatre vint trois, le vingt six mars, à midi & demi, par devant nous Jean Baptiste Hippolyte Guimbaud, adjoint faisant par délégation spéciale de Monsieur le Maire, les fonctions d'officier de l'état civil de la commune de Poitiers, Vienne, ont comparu les seurs Louis Eugène Mériot, âgé de cinquante trois ans, Directeur des pompes funèbres de cette ville, & Auguste Maissant, âgé de quarante cinq ans, comptable, demeurant tous deux à Poitiers, lesquels nous ont déclaré que Anne Deydier, âgée de soixante six ans, sans profession, née à Aubagnac, Cantal, célibataire, fille de Antoine Deydier et de Catherine Arnal, est décédée ce jour, à deux heures du matin, dans une maison rue du Pont-Neuf, 7. Après nous être assuré de ce décès, avons rédigé le présent acte dont lecture a été donnée aux témoins qui l'ont signé avec nous.

Et après quelques instants de recherche (en fait des heures...), nous retrouvons Anne Deydier faisant parti de la communauté des Religieuses rue du Pont-Neuf, inscrite dans le recensement de Poitiers de 1881 :

Archives en ligne de la Vienne, Poitiers, recensement de 1881, v. 150/532

vendredi 27 janvier 2017

Les Deydier : un pont entre Savigné et Saint-Maurice

Vous connaissez sûrement mon intérêt pour les migrants, ceux qui partent de chez eux pour venir s'installer ailleurs, principalement dans la Vienne.
Vous me savez amoureux des noms de famille qu'on trouve dans le Poitou, dans la Vienne, ceux qui me touchent, me fascinent, me... tout, quoi.
Vous me soupçonnez d'avoir une tendance à être fasciné par les coïncidences ?

Le hasard du destin a voulu me mettre sur la piste d'un bout de famille, dont le patronyme m'était familier.

C'est au cours d'une balade. Je suis tombé sur un monument — un calvaire — et il fallait vraiment avoir l'esprit tarabiscoté pour regarder le socle — face arrière de cet ouvrage, pour découvrir cette inscription :


Et quelques recherches sur les archives en ligne plus tard :

Archives en ligne de la Vienne,
Saint-Maurice-la-Clouère, D - 1873-1882, v. 11/76

qui nous dit :
L'an mil huit cent soixante quatorze et le onze novembre, à sept heures du matin par devant nous Pierre Bernard Lapommeray Mair officier de l'état civil de la Commune de St Maurice, Canton de Gençay, arrondissement de Civray, département de la Vienne sont comparus Messieurs Delphin Pain, âgé de vingt sept ans, prêtre vicaire de cette paroisse et françois Nicolas Chartier, ancien instituteur public de cette Commune, âgé de soixante trois ans, demeurent tous les deux à St Maurice, voisins et amis du défunt lesquels nous ont déclaré que M Jacques Deydier, âgé de soixante dix neuf ans prêtre desservant de cette commune, né à Anglard, département du Cantal, fils de feu Antoine Deydier et de feue Catherine Arnal était décédé dans son domicile sis à St Maurice d'hier à neuf heurs du soir, Après nous être assuré de cette déclaration nous en avons dressé le présent acte, dont nous avons donné lecture aux comparants qui ont signé avec nous.
Si vous lisez mes articles, vous avez fait le lien entre ce prêtre de Saint-Maurice-la-Clouère, commune d'adoption, et le curé de Savigné, Antoine Augustin Deydier, qui se révèlent être... frères !

Quand on sait que le curé de Savigné était archiprêtre de Gençay, commune voisine de Saint-Maurice, on boucle une boucle (c'est même un double nœud).

Chemin faisant, voilà l'acte de naissance de Jacques Deydier, en date du 3 messidor de l'an III, à Anglards-de-Salers :

Archives en ligne du Cantal,
Anglards-de-Salers, 1791-An XII, v. 167/432

Archives en ligne du Cantal,
Anglards-de-Salers, 1791-An XII, v. 168/432

Les parents de ces deux frères curés vivaient, à l'époque en l'an III, au village d'Aubagnat, 
probablement devenu Haut-Bagnac, lieu de naissance d'Antoine Augustin donné sur son acte de décès à Savigné.

Cette famille a éveillé ma curiosité.

mercredi 11 janvier 2017

La Croix Davau de Monthoiron

Tiens, l'autre jour, j'étais en train de me balader du côté de Monthoiron (en réalité, j'y étais pour mon boulot).

Quand soudain, au détour d'un obscur chemin assombri par le sous-bois (en fait, une départementale, la RD15, reliant Vouneuil à Monthoiron et en ligne droite — mais véridique pour le sous-bois), on trouve une croix dans le talus, côté sud de la voie.


N'écoutant que mon courage, j'ai franchi mont et précipice (en réalité, un fossé de 0,7 à 1,0 m de profondeur et un talus d'environ 1,5 m), je me suis approché de cet ouvrage qui jurait bien dans la couleur des feuilles mortes.

Il s'agissait d'une croix marquant la mort d'un individu, et voici ce qu'elle disait en substance, inscription recouverte par le lierre :

Ici est décédé
François Daveaux
par chute de sa charette
le 24 avril 1869
à l'âge de 44 ans
Priez Dieu pour lui

Cette Croix apparaît même sur la carte IGN :

Extrait de la carte IGN

Un peu curieux, je me suis donc — une fois rentré chez moi, hein, pas pendant le boulot — mis en quête de cet individu, d'autant que j'ai déjà étudié une famille Daveaux, originaire de Dolus-le-Sec (37), dont un enfant est venu s'installer à Civray à la fin du XVIIe siècle (voir l'article dans les Noms du Poitou).

Du coup, la croix me donnait la date et le lieu du décès, qu'on retrouve facilement dans les registres :

Archives de ligne de la Vienne, Monthoiron, NPMD 1869-1872, v. 18/92

Archives de ligne de la Vienne, Monthoiron, NPMD 1869-1872, v. 18/92

On y apprend que François Davaux (et non Daveaux), âgé de 44 ans, est meunier au moulin de Grusson, sur les bords de l'Ozon, qui se situe légèrement au nord du lieu de la tragédie :

Extrait de la carte IGN

Fils de René Davaux et de Magdeleine Roy, on y apprend qu'il est, au moment de sa mort, adjoint au maire de la commune. Cette croix est-elle un geste de la commune pour se souvenir d'un bon citoyen ?

Un quotidien local rapporte l'affaire :

Journal de la Vienne, édition du vendredi 30 avril 1869

Je me suis amusé à remonter le temps, pour savoir où m'emmène cette famille Davaux, et si elle rejoint cette famille homonyme venue à Civray. Je vous l'apprend tout de suite, je n'en sais rien. Voilà ce que j'ai trouvé :

François DAVAUX, né vers 1825 à Monthoiron, est mort le 24 avril 1869 au même lieu. Il a épousé, le 26 mai 1854, à Leigné-les-Bois, Marie-Augustine Grandin, et  vit avec sa famille à Grusson au moment de sa mort, comme en témoigne le recensement de 1866 :

Archives en ligne de la Vienne, Monthoiron, Recensement de 1866, v. 7/15

Il est le fils de René DAVAUX, né le 20 avril 1776 à Availles, qui y est laboureur lorsqu'il épouse, le 9 décembre 1813, à Châtellerault, Madeleine Roy, native de Pouthumé, fille de feu Jacques, meunier, et de Madeleine Daveau.

Il est le fils de Antoine DAVAUX, né vers 1743, qui épouse, le 3 février 1766, à Senillé, Marguerite Guillé, fille de feu René, en son vivant salpétrier, et de Perrine Robin.

Il est le fils d'Antoine DAVAUX, originaire de la paroisse Saint-Ours de Loches (37), qui est domestique de monsieur de Massacré, seigneur de Senillé, lorsqu'il y épouse, le 19 novembre 1737, Marie Fortuné, fille de Pierre, marchand, et de feue Marie Lermain, dont il a aussi Catherine Davaux, née vers 1745, qui épouse également, le 3 février 1766 à Senillé, René Guillé, fils des mêmes René et Perrine Robin, ainsi que Madeleine Davaux, née vers 1750, qui épouse, le 23 février 1778, aussi à Senillé, Jacques Roy (couple cité ci-dessus).

Il est le fils d'Étienne DAVAUX, qui a épousé, le 28 juillet 1685, à Saint-Ours de Loches, Marie Hérissé, fille d'Antoine et de Michelle Bonnin (et merci à M. Bourreau pour ce dernier mariage hors de mon domaine de prédilection). Il est le fils de Pierre et de Marie Baudichon.

Toutefois, il y a sûrement à redire sur cette famille, Dolus-le-Sec et Loches se trouvant à une dizaine de km de distance à vol d'oiseau.