C'est l'histoire d'une famille, quasiment décimée en l'espace d'une décennie.
Tout commence par un mariage, le 1er septembre 1851, à Champniers (86). Pierre Étienne SICARD, né vers 1826, fils de Louis et de Magdeleine BARBARIN, épouse Marie ARRAULT, née en 1826, fille de Louis et de Jeanne Renée DIDIER.
Très vite, la famille va s'agrandir dans le petit village d'Erveux (à quelques km de l'emprise de la future Vallée des Singes) : Marie-Louise, née en octobre 1852, puis Pierre Louis, né en 1854 et Céleste, née en 1857.
En mai 1860, Marie ARRAULT donne naissance à des jumeaux.
Célestin, le garçon, ne vivra malheureusement que deux jours. Madeleine, la fille, survit, mais conserve sans nul doute une santé fragile.
En 1865, naît la dernière, Victorine.
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Oronge (Wikipedia) |
Le 3 septembre 1868, la femme Sicard, prépare à l'huile de colza un plat d'oronges, cueillis par son mari.
Les deux filles, Madeleine et Victorine, ressentent les premières les effets du poison, qui se traduisent d'abord, pour Madeleine, par de forts battements de coeur.
Mais l'inquiétude grandit lorsque les filles sont prises de coliques, vers les 11 heures du soir, suivies de déjections et de vomissements qui alternent avec des périodes d'assoupissement.
Les époux Sicard tombent malades le lendemain, 24 heures après avoir mangé les champignons.
C'est encore par des battements de coeur, assez violents chez le mari, que se manifestent l'empoisonnement. Suivent ensuite, comme pour leurs filles, coliques, diarrhées et vomissements.
Pierre Étienne est le plus touché.
Le médecin Marie, de Sommières-du-Clain, est requis le samedi à midi, et n'a pas de peine à reconnaître les symptômes de l'empoisonnement. Il est trop tard pour les deux fillettes : Madeleine est déjà morte, et sa soeur Victorine meure le soir même, vers 11 heures.
Le docteur Verger est chargé de l'autopsie et conclut que "la mort doit être attribuée à une intoxication due à l'ingestion dans l'estomac d'une substance âcre et narcotique, vraisemblablement des champignons vénéneux ou mal assaisonnés, dont des fragments nombreux et volumineux ont été retrouvés dans l'estomac de Victorine. Aucune main coupable n'est intervenue dans ce malheureux accident."
Le malheureux père Sicard s'éteint lui aussi, au moment même où on procède à l'autopsie de ses filles. Son épouse, elle, est sauvée.
Par une chance providentielle, les trois autres enfants du couple étaient en train de travailler chez des cultivateurs voisins et n'ont pas pris part au fatal repas.
Déjà fortement touché par la peine, la famille a le malheur de perdre Marie-Louise, 6 ans plus tard, à l'âge de 21 ans.
La vie continue pour la famille Sicard. En 1879, Céleste épouse Louis MERCIER, cultivateur, et Pierre Louis, en 1881, se marie avec Jeanne ROCHER.
Sources :
- Archives départementales de la Vienne (état civil, recensements, etc.) ;
- Le courrier de la Vienne et des Deux-Sèvres, 8 septembre 1868 ;