lundi 10 septembre 2012

Jacques Petit, sieur de la Bougonnière (2)

Lors de mon précédent bulletin, je n'avais pas pensé à mes deux ascendances qui apparaissaient également dans le Beauchet-Filleau. L'une, celle des Brothier, sieur de Chambe, s'établit à Voulême (86) : mes ancêtres les plus anciens que je retrouve dans les registres paroissiaux apparaissent dans le tome 2 (page 21 et plus) : Charlotte Brothier, épouse de René Marteau le 2 novembre 1661. Cette filiation n'est pas issue de mes recherches, je n'ai fait que prendre un train en marche.
La seconde entrée dans le Beauchet-Filleau est une découverte récente qui méritera peut-être un article. On trouve, dans le même tome du BF, page 370, une Marie Chein, épouse de  Pierre Guilloteau, qui habitait Payré (86). La date du mariage est fausse, celui-ci ayant lieu en 1655.
Reprenons donc le fil de mon enquête sur le sieur Tribot, le notaire, et ses aïeuls. Merci pour vos encouragements, bonne lecture...

Avant d'entrer dans les détails, essayons de décrypter ce mariage Tribot-Petit. Côté Tribot, on a les deux parents, François Tribot et Marie Blanchard. On a un oncle paternel, Pierre, et un cousin germain, Antoine Tribot. Il n'est pas sûr que ce dernier soit le fils de Pierre, mais c'est une possibilité. Celui que je pense faire correspondre est Antoine Tribot, que j'ai trouvé à Savigné. Il épouse Magdeleine Allain le 7 octobre 1704 (AD en ligne, Savigné, BMS - 1700-1708, v.60/112). Mariage non filiatif, absence de signature, mis à part la présence d'un Jean Tribot, témoin du mariage, le cheminement de cette filiation m'a mené nulle part. Idem pour le Pierre, qui peut être n'importe qui.
J'ajoute que les registres paroissiaux (outre les baptêmes de 1640 à 1644) ne commencent qu'en 1700. Dur, dur, alors, de trouver quelque filiation par ces registres.
J'identifie Pierre Delafond, simple cousin de l'époux (donc peut-être au 3ème, 4ème degré, voir cousin par alliance, etc...) comme étant celui qui fut l'époux de Jeanne Brun puis de Suzanne Boesme, le 26 août 1705 à Savigné (AD en ligne, Savigné, BMS - 1700-1708, v.76/112). Sa signature est significative. Mais là aussi, à part la présence d'un Antoine Tribot, témoin, la piste mène à un cul-de-sac.

Grâce au dictionnaire topographique de la France, tome 27 (dictionnaire topographique du département de la Vienne), rédigé par monsieur Redet (1881), je localisai facilement l'origine du domaine de Laspière. Situé sur l'actuelle commune de Saint-Romain, ce village changea de nom et passa de La Cepère (1494) à La Spière (Cassini), puis Laspière (1841). Actuellement, ce village porte le nom de la Sepière.


Extrait de la carte de Cassini
Laissons les Tribot de côté, alors.

Voyons voir du côté de la mariée. Outre les parents, nous avons Benjamin Dunoyer, sieur de la Pigerie, son oncle, et Pierre Robert, sieur de la Nougeraye, son cousin germain.

Les Dunoyer

Grâce au ge86, je trouvai ce Benjamin Dunoyer sur les registres de Saint-Gaudent (86). En effet, ce joyeux bourgeois, qui paraissait être assez important, se marie en 1693 avec Marthe Bertrand. Son domaine (La Pigerie) est signalé, et Jacques Petit est même donné comme beau-frère. Tout colle, j'ai bien le bon :


AD en ligne, Saint-Gaudent, BMS - 1692-1710, v.10/101
AD en ligne, Saint-Gaudent, BMS - 1692-1710, v.10/101
A propos de la Pigerie, deux villages ont porté ce nom sur la commune de Savigné : La Pigerie et Les Pigeries. Seul ce dernier hameau existe encore actuellement.


Extrait de la carte de Cassini
Isaac Pierre Dunoyer, sieur des Broues, frère de Benjamin et de ma sosa Catherine, est retrouvé grâce à 3 baptêmes à Saint-Gaudent (il est l'époux de Catherine Vaugelade, qui signe également sur ce mariage). Je n'ai cependant pas trouvé d'autre postérité pour ces deux hommes.


Beauchet-Filleau,
tombe 3, page 217 
A ce moment-là, je contactai Jean-Claude, qui, par ses connaissances sur les familles notables de la région, aurait peut-être des éléments me permettant d'avancer. Il en avait, et ce fut particulièrement probant. Je reçus des extraits de deux ouvrages : le Beauchet-Filleau (tome 3, à partir de la page 217), et la Commune de Surin, par Surreaux.

Le Beauchet-Filleau donnait une indication très explicite :


Beauchet-Filleau, tombe 3, page 218
Sauf que quelque chose ne collait pas, car un peu plus loin dans l'ouvrage, on trouve la note suivante :


Beauchet-Filleau, tombe 3, page 218
Il n'est pas possible que les Beauchet-Filleau et de Chergé, ou leurs collaborateurs, n'aient pas vu cette indication dans le mariage de Benjamin Dunoyer : frère d'Isaac Pierre ! Et de toute façon, Marthe Bertrand (prénommée Marie dans le BF) n'est pas la fille de Samuel Bertrand, sieur de la Pommeraye, mais sa soeur. Le Beauchet-Filleau peut être un Saint-Graal comme une lame à double tranchant. Je reçus une bonne leçon ce jour-là : toujours vérifier ses sources, analyser, interpréter ! Ma manière d'étudier les filiations changea du jour au lendemain.
Cette erreur, toutefois, est relevée partiellement dans le livre de Surreaux. Celui-ci, étudiant l'histoire de son petit village de Surin (86), retrace une partie de la famille Dunoyer qui s'y établit au début du XVIIIème siècle. Il reprend les notes de Monsieur Bobe, auteur de l'Histoire de Civray, et surtout cette famille Dunoyer qui semble incohérente dans le BF.
C'est grâce à l'inventaire après décès d'Antoine Dunoyer, époux de Marie Crozé (indiqué comme fils de Pierre Dunoyer et de N. Vaugelade dans le BF), du 2 août 1666, que Monsieur Bobe a réussi à reconstituer la filiation qui m'intéresse : Antoine Dunoyer (époux de Marie Crozé) est le fils de Pierre Dunoyer et de Françoise de la Dugue (noms isolés dans le BF). Ce dernier est le fils d'un sieur du Bois-Bertrand et a comme frère Benjamin l'assesseur, placé en mauvaise filiation dans le BF.
Ce qui donne :

DUNOYER N., sieur de Bois Bertrand, paroisse de Saint-Pierre-d'Exideuil, qui eut comme enfants :

  1. Pierre Dunoyer, qui suit,
  2. Benjamin Dunoyer, sieur de la Chastre, avocat au Parlement, puis conseiller du roi, assesseur en la maréchaussée de Civray, juge à Saint-Maixent, fait plusieurs acquisitions en 1645 et 1650. Il épousa, vers 1620, Jeanne Duboys. Il paraît agir souvent de concert avec son frère Pierre, sieur de la Grange. C'est ainsi que celui-ci, demeurant au Brouhes à Saint-Gaudent, afferme le 15 juin 1639, au nom de Benjamin Dunoyer, absent, une maison, jardin et ousche appartenant à ce dernier, appelée la Touche, touchant le chemin allant du dit lieu de la Tousche au cimetière à senestre (aujourd'hui l'hôtel du Cygne à Civray).
DUNOYER Pierre, sieur de la Grange, avocat à Civray, décédé avant le 23 avril 1660, date du testament de Françoise de la Dugue, sa veuve, en faveur de Catherine Dunoyer, sa fille, épouse de Paul Chein, sieur de Périssac. De cette union, naquirent au moins deux enfants :
  1. Catherine Dunoyer, épouse de Paul Chein, sieur de Périssac, à Limalonges (79). J'ai poursuivi les recherche de Bobe, en trouvant le mariage de leur fille Catherine Chein, née vers 1664, avec David Le Mareschal, sieur de Belle-Plaine, né vers 1659, le 23 octobre 1684 à Chef-Boutonne (mariage protestant). Ces derniers auront au moins deux fils : Gédéon Le Mareschal, né en 1685, et Jean Le Mareschal, écuyer, sieur de Chambelle et de Belle-Plaine, époux de Claude Thérèse de Massougne (~1688-1753). La filiation se continue avec deux fils du dernier couple : Jean et Charles Le Mareschal.
  2. Antoine Dunoyer, sieur des Brouhes de Saint-Gaudent, protestant militant, marié à Marie Crozé, également de famille protestante (donné même comme fille du ministre de la Roche Crozé), avec laquelle il habite aux Pigeries, paroisse de Savigné.
Antoine Dunoyer fait une vente le 25 février 1665 et est mort bien sûr avant son inventaire après décès. De son mariage avec Marie Crozé, Antoine Dunoyer a eu une fille, Catherine, d'après un acte de 1691. Elle est remariée à ce moment-là à Jean Petit. Catherine, son époux Jacques Petit, sieur de la Bougonnière, vivent ensemble aux Pigeries de Savigné, avec Marie Crozé en 1701, lorsque la vieille dame est inhumée. Benjamin, son fils, et Jacques Petit, son gendre, sont indiqués :

AD en ligne, Savigné, BMS - 1700-1708, v.45/112
Après la découverte de cet acte, j'ai pensé que feu Jean Petit, second mari de Marie Crozé, est le père de Jacques Petit. Je situe le mariage Petit-Dunoyer vers 1680/1685, il a très bien pu y avoir également un deuxième mariage (celui de parents survivants des deux époux). Mais cela n'engage que moi.


Les Robert

Croyez-moi ou non, mais lorsque je rentrai Pierre Robert dans mon fichier Heredis, une autre occurrence de ce nom m'est apparu : Pierre Robert, né le 23 avril 1680 à Champniers (86), fils d'Alexandre Robert et de Françoise Petit. Comprenez mon étonnement ! Ça collait parfaitement, en considérant que Jacques Petit et Françoise Petit étaient frère et soeur. Quel retournement de situation, quel suspense !


AD en ligne, Champniers, BMS - 1688-1690, v.102/110
Dans mon arbre généalogique, coincés quelque part, j'avais Perrette Robert, sosa n°7399, épouse de Louis Girardière, et Gaspard Robert, son frère, sosa n°7192, époux de Perrette Bot. Cette fratrie est issu du couple Jean Robert (~1600/1672) et Antoinette Garnier (~1602/1677), et, je ne sais pour quelle raison, la recherche de leur descendance me passionne depuis de nombreuses années. De temps en temps, je prends un petit moment pour suivre l'évolution d'un couple, pour trouver leurs enfants, etc... Cette recherche, si elle vous intéresse, est accessible sur Geneanet par ici.

Alexandre Robert est un frère de Perrette et Gaspard, et donc un fils de Jean et d'Antoinette Garnier. Cependant, je ne pus remonter plus loin. Et Françoise Petit demeura orpheline.

(A suivre)



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