AdP 01/01-26/03/1789, v.24
Du 19 mars 1789
Lettre d’un Curé des environs de Civrai, à l’Auteur des Affiches
Par votre Affiche du 19 février, n°8 [1], il paroît que l’Administration désire depuis longtemps trouver des moyens de marquer les moutons, de manière qu’on puisse les reconnoître facilement, sans endommager les toisons, &c.
Je dois vous observer que tous mes laboureurs, qui ne laissent rien perdre, pratiquent un moyen digne d’être inséré dans vos Feuilles.
Quand ils déboîtent leurs chariots ou charrettes, ils ont un très grand soin d’amasser l’oing qui se trouve sur les essieux ; c’est une couleur noirâtre formée par le bois et le fer : le frottement & roulement continuels liment les courbes & boîtes, de façon que cet oing, bien délayé & frotté, prend une couleur que l’air & l’eau effacent très difficilement.
J’ai lu cet avis à notre Chambre littéraire de Civrai : tous les Membres ont regardé mes observations & ces moyens éprouvés, comme une découverte essentielle pour les Propriétaires.
Je n’ai pas besoin d’expliquer combien l’Economie rurale y trouve son compte, surtout quand l’on saura que ces empreintes graisseuses appliquées sur la tête & les jambes des moutons, adhèrent assez pour durer deux ans au moins.
Un de mes laboureurs m’a montré tout-à-l’heure la vérité de ce trait. Il existe dans les toîts des moutons marqués depuis deux ans ; cette couleur économique & à la portée de tout le monde, n’a souffert aucune altération ni de la part de l’air ni de l’eau.
Je travaillerai à de nouvelles épreuves, & il pourroit se faire que quelque nouveau mélange avec cet oing peint par le bois et le fer, pût former une couleur encore plus sûr & plus utile à ceux qui font un emploi des laines.
J’ai l’honneur d’être, &c.
[1] Article mentionné par le Curé :
AdP 01/01-26/03/1789, v.16
Du 19 février 1789
Avis pour marquer les Moutons
L’Administration désire depuis longtemps, trouver des moyens de marquer les moutons, de manière qu’on puisse les reconnoître facilement, sans endommager leurs toisons. Dans le nombre des empreintes dont on fait usage, les une s’effacent par l’action de l’air & celle de l’eau ; les autres ne peuvent être détruites par les opérations qu’on fait subir aux laines pour leur dégraissage. Ce sont les deux inconvéniens qu’il faut principalement éviter. Il faut encore exclure tous les moyens qui tendent à mutiler les moutons, ou qui pourroient nuire à leur santé, & il paroît que les empreintes qu’on applique sur la partie de la tête, qui est dénuée de laine, n’y adhèrent point assez.
Les ingrédients dont va donner la description, ont paru jusqu’à présent les plus propres à remplir l’objet qu’on se propose. Cependant on ne les annonce pas comme suffisamment éprouvés ; mais l’on croit qu’il feroit important d’en faire faire des essais dans les différents parties du royaume exposées à des climats différens.
On propose donc à Messieurs les intendans d’en faire faire des épreuves dans leurs généralités, ainsi que des autres moyens qu’on pourroit leur proposer, même de ceux connus & usités, afin que la réunion des observations qui doivent résulter de ces épreuves, on puisse faire une instruction utile aux propriétaires des troupeaux & aux manufacturiers qui font un emploi des laines.
Première composition
C’est un simple mélange de suif fondu, & d’une quantité suffisante de charbon réduit en poudre fine, pour lui donner une couleur noire.
Seconde composition
On peut donner plus de souplesse au mélange précédent, en y ajoutant un huitième de son poids de goudron ; mais celui qu’on retire du charbon de terre, n’a pas paru convenir, parce qu’il est trop dessicatif.
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