Je pense que nombreux sont les généalogistes qui se retrouvent confrontés, tôt ou tard, à des impasses concernant l'un de ses ancêtres, tel que les pères inconnus, voire les parents inconnus.
J'ai bien de la chance, pour ma part. Dans ma généalogie, j'ai deux ancêtres né de père inconnu. Voilà l'histoire des recherches de l'un d'eux, François Degorce.
Mon arbre en était à ses débuts lorsque je découvrais le mariage de mes ancêtres François Degorce et Marguerite Mercier (n° 50 et 51), en date du 19 juin 1878 à Charroux (Vienne). Marguerite, née le 26 août 1853 à Fontbois, commune de Mauprévoir (Vienne) était la fille de feu Pierre et de Jeanne Lhuguenot, et était à cette époque servante demeurant à Marfelon, commune de Charroux.
François Degorce, cultivateur, lui, était le fils naturel d'Anne Degorce, 44 ans, aubergiste à Saint-Martin-l'Ars (Vienne), né le 10 février 1852 à Charroux. Confronté pour la première fois à cette énigme, j'avais pris soin de prendre tous les renseignements utiles. Aussi, les témoins de l'époux étaient Jean Degorce, cultivateur à Chatain (Vienne), 28 ans, oncle, et de Jean Biais, également cultivateur au même lieu, 42 ans, également oncle.
Le patronyme Degorce est plutôt courant dans le Sud-Est de la Vienne. Je n'avais donc que peu de chances de trouver le bon Jean Degorce. Même échec pour Jean Biais. Je me portais donc vers l'acte de naissance de mon ancêtre François :
Archives en ligne, Charroux, N - 1850-1852, v.33/47 |
Cette naissance m'apprit qu'Anne Degorce, 18 ans (soit née vers 1834), servante à Asnois (Vienne), était accouchée d'un garçon chez dame Éléonore Ogier, veuve Tête, sage-femme.
Je m'envolai donc vers la commune d'Asnois, recherchant une éventuelle trace de cette Anne, notamment dans les tables des naissances dans les années 1830-1840. La seule indication intéressante était celle-ci :
Archives en ligne, Asnois, N - 1833-1842, v.7/61 |
Bien que cohérent avec les éléments que j'avais, j'estimai à l'époque que les données n'étaient pas assez complètes pour que j'estime que mon ancêtre Anne Degorce, mère de François, était bien celle qui naquit le 25 novembre 1833 à Asnois, fille d'Alexis et de Marie Grégoire.
Comme c'est souvent le cas chez moi, je passais bien vite à autre chose.
Un peu plus tard, une recherche m'amena à revenir sur cet ancêtre.
Je trouvais, dans les mariages, celui particulier de François Neveux et de Marie-Louise Bégouin, le 30 janvier 1883 à Saint-Martin-l'Ars. L'épousée, à ma grande surprise, était la fille de feu Jean Bégouin et d'Anne Degorce, aubergiste au chef-lieu de la dite commune. Elle était née à Saint-Michel-en-Brenne (Indre), le 13 octobre 1871. Ma curiosité fut assouvie par la présence d'un témoin capital : François Degorce, frère de la mariée, cultivateur à Charroux, 30 ans. Quoi ? Ai-je bien lu ?
Le hasard fait bien les choses.
La suite logique de cette recherche me ramena à Asnois, le 27 avril 1865. C'est à cette date que Jean Bégouin, domestique, 25 ans, épousa mon ancêtre Anne Degorce, femme de chambre : il s'agissait bien de la fille d'Alexis et de Marie Bégouin, née le 25 novembre 1833 en la dite commune. De plus, l'un comme l'autre vivaient au Château de Saint-Cyran, à Saint-Michel-en-Brenne.
La boucle fut bouclée, je pus au moins reprendre la généalogie de François Degorce, tout au moins du côté maternel.
C'est tout récemment que je pensais à regarder dans les recensements, histoire d'étoffer un peu ces ancêtres qui parfois ne sont évoqués que par leurs noms. Je trouvais, à Saint-Michel-en-Brenne, le recensement suivant, au Château de Saint-Cyron :
Archives en ligne, Mazières-en-Brenne (canton), recensement 1866, v.134/147 |
C'est toujours intéressant de savoir pourquoi on retrouve tel ou tel ancêtre en un lieu plutôt éloigné de sa commune d'origine. Cet extrait du recensement répond à ma question : la famille Branthôme est originaire d'Abzac (Charente) et celle de Laforest (ou plus exactement Mantrant-Laforêt) vient exactement de la petite commune... d'Asnois ! Ainsi, les châtelains sont venus s'installer dans l'Indre, en emportant, dans leurs bagages, des serviteurs de leur région.
Cette lecture me fit penser à regarder dans les recensements d'Asnois, car, vous l'avez remarqué, il manque une personne à Saint-Michel-en-Brenne en 1866 : mon ancêtre François, fils naturel d'Anne, qui devait avoir 14 ans à l'époque. Je le retrouvais justement à Asnois, comme l'indiquent les recensements (village de Roussille, d'où était originaire la famille Degorce) :
Archives en ligne, Asnois, recensement 1856, v.7/13 |
Mon ancêtre vivait chez ses grands-parents maternels, Alexis et Marie Grégoire : il apparaît bien sous la mention "François Naturel, 4 ans".
Et en 1866 :
Archives en ligne, Asnois, recensement 1866, v.3/13 |
Le regard peut être porté sur le début de la liste : Léandre Mantrant-Laforêt et Hortense Lesire, les parents du fermier de Roussille, sont également les parents de la châtelaine de Saint-Cyron. Voilà pourquoi on retrouve mon aïeule Anne dans l'Indre !
Et plus bas... Salerpipelette... euh, Saperlipopette ! Voilà autre chose ! Si vous regardez bien, dans la famille d'Alexis Degorce, ligne 12 : "Roucher François, petit-fils naturel du chef de ménage, 14 ans"... Aucun doute, il s'agit bien là du fils d'Anne Degorce, mon ancêtre François.
Par quel prodige celui-ci porte-t-il le patronyme de Roucher, lui qui se marie en 1878 avec le nom de sa mère ? Erreur de transcription ou lapsus administratif ?
Aurait-on par hasard prononcer le nom de son père biologique et l'agent du recensement s'en serait contenter ?
Voilà bien un mystère à résoudre !
Oh à force de dépouiller les recensements, je peux te dire qu'il ne faut pas toujours croire ce qui y est inscrit... âge, statut ("leur fille" qui peut être la fille d'un des 2 conjoints seulement par exemple),...
RépondreSupprimerDonc le nom de Roucher peut être juste une interprétation de l'agent recenseur.
Très belle enquête ! Bravo !
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