mardi 16 juin 2015

Implexus regalis

aveleyman.com
Une petite touche de légèreté incongrue en cette fin de printemps pluvieuse.
Quelques éléments restent encore à prouver (lignes en pointillés), mais l'implexe royal tel que je le donne raccorde mes parents par une ancêtre ayant vécu une bien drôle de vie (j'avais déjà parlé d'une partie de cet article il y a quelques temps).
Donc.
Arrière-petite fille de Louis VI le Gros (essayez de vous rappeler les fameuses « chevilles » dont s'émerveillent Didier Pain), Isabelle, a 12 ans en ce début de l'année 1200.

brain-magazine.fr
Alors promise à Hugues IX de Lusignan, elle est enlevée et mariée à Jean sans Terre... Vous savez, ce lion cruel et fourbe rendu célèbre à cause de la succion de son pouce (version studios Disney).
Comme vous pouvez vous en douter, Hugues l'a un peu mauvaise. Alors qu'il vient de recevoir le comté de la Marche des mains même du souverain anglais, il comptait bien sur ce mariage pour s'approprier le comté d'Angoulême, ce qui avec ses propres terres, aurait fait de lui l'un des plus puissants nobles du royaume. Il prend donc le chemin de la cour, se plaint à Philippe Auguste, roi de France, avec qui il ne vivait cependant pas en bonne intelligence, et cet enlèvement irrite quelque peu le monarque so frenchy. Les campagnes qui s'ensuivent vont coûter cher à Jean sans terre, qui perd la Normandie (c'est peut-être à cette occasion qu'il chanta j'irai revoir ma Normandie), l'Anjou et le Poitou.
La belle Isabelle remplit son devoir conjugal (5 enfants, dont le futur Henri III), puis fut rendue veuve par une forte et royale diarrhée, en 1216. La belle romance entre Isabelle et Hugues peut reprendre, enfin, presque, puisqu'il s'agit du fils en premières noces de son ancien fiancé, et celui, qui est devenu depuis peu 10ème comte de Lusignan, peut former le puissant territoire que redoutait le monarque anglais et dont rêvait son père. Ils se marièrent en 1220 et Isabelle eut 9 autres enfants, dont Isabelle et Marguerite, qui sont concernées par cet article.
A la fin de sa vie, Isabelle d'Angoulême se retire à l'abbaye de Fontevraud, où elle meurt le 4 juin 1246, après avoir pris le voile sur son lit de mort.






Louis VI, roi de France, dit le Gros (1081-1137), époux d’Adélaïde de Savoie (1092-1154), fille de Humbert II, comte de Savoie, et de Gisèle de Bourgogne-Comté




Pierre Ier, seigneur de Courtenay (~1125-1183), époux d’Élisabeth de Courtenay, fille de Renaud, seigneur dudit lieu, et d’Élisabeth du Donjon




Alix de Courtenay (~1160-1218), épouse d’Aymar Taillefer, comte d'Angoulême (~1160-1202)




Isabelle d’Angoulême (~1188-1246), épouse d’Hugues X de Lusignan, Comte de La Marche et seigneur de Lusignan, fils d’Hugues IX de Lusignan et de Mathilde d’Angoulême








Isabelle de Lusignan, dame de Beauvoir (~1225-1299), épouse de Maurice V de Craon, fils de Maurice IV et de Jeanne de la Marche
Marguerite de Lusignan (~1220-1228), épouse d’Aimery IX de Thouars, vicomte dudit nom, fils de Guy Ier, et d’Alix de Mauléon




Maurice VI de Craon (~1255-1292), époux de Mahaut de Mechelen, fille de Salter VII Berthold, seigneur de Malines, et de Marie d’Auvergne
Guy II de Thouars (~1250-1308), vicomte de Thouars, épouse Marguerite de Brienne, fille de Jean et de Béatrice de Châtillon




Amaury III de Craon, seigneur de la Bastide de Craon, et de Mareuil du chef de sa femme. Sénéchal héréditaire d'Anjou (~1278-1333), époux de Béatrice de Pierrepont, fille de Jean IV, comte de Roucy, et de Jeanne de Dreux
Hugues II de Thouars (~1285-1333), chevalier seigneur de Pouzauges, épouse Isabeau de Noyers, fille de Milon VII de Noyers, seigneur de Chénèche, et de Marie de Châtillon




Guillaume Ier de Craon, seigneur de la Ferté-Bernard, de Sablé, etc., Vicomte de Châteaudun, chambellan de Philippe VI et de Jean (~1315-1381), époux de Marguerite de Flandres, fille de Jean, seigneur de Crèvecœur, et de Béatrix de Châtillon
Marie de Thouarsépouse Robert III de Matha, chevalier, baron de Matha, fils de Foulques II et de Yolande de Pons




Guillaume II de Craon, Vicomte de Châteaudun, Baron de Craon, Seigneur de Marcillac, etc., époux de Jeanne de Montbazon, fille de Renaud, seigneur dudit lieu, et d’Eustache d’Anthenaise 
Yolande de Matha (~1325-1376), épouse, le 7 février 1349, Robert VII de Montberon, seigneur dudit lieu, fils de Robert VI, seigneur dudit lieu, et de Gallienne de la Porte




Marie de Craon, dame de Moncontour, épouse de Louis Ier de Chabot, seigneur de la Grève, fils de Thibault IX, seigneur de la Grève, et d’Amicie de Maure 
Jacques de Montberron, seigneur dudit lieu (~1350-1422), épouse Marie de Maulévrier (~1369-1407), fille de Renaud VI et de Béatrix de Craon




Thibault X de Chabot, seigneur de la Grève, époux de Brunissende d’Argenton, fille de Guillaume, chevalier seigneur dudit lieu, et de Jeanne de Naillac
Marguerite de Montberron, épouse Savary Bouchard d’Aubeterre, seigneur dudit lieu, fils de Guy II, seigneur dudit lieu, et de Jeanne Chenin




Jeanne de Chabot, dame de Montsoreau, épouse de Jean de Chambes, chevalier, seigneur de Fauguernon et d’Argenton, fils de Bernard, chevalier seigneur de Vilhonneur, et de Sybille de Montenay
Louis Bouchard d’Aubeterre, épousa Marguerite de Mareuil, fille de Guy, baron de Villebois, et de Philippe Paynel, dame d’Olonde






Marguerite Bouchard d’Aubeterre, épouse Jean Fradin, écuyer, seigneur de Bessé, fils de Jean et de Marie Gillier
Étienne de Chambes




Laurent Fradin (1531-1584), épouse Anne d’Aguesseau, fille de Louis et de Mathurine de Cumont
Pierre de Chambes




Anne Fradin, qui épouse Jean Pontenier, sieur de Grosboux, avocat à Civray, fils de François et de Jacquette de Lizant




Marie de Chambes, épouse de Jean Balliot, sieur de Chambes
Jeanne Pontenier, épouse d’Isaac Crozé, écuyer, sieur de la Roche, fils de Jacques, pasteur de Civray, et de Marguerite de Losse




Hilaire Balliot, épouse d’Antoine Brothier
Marie Crozé (+1701), épouse d’Antoine Dunoyer, sieur des Brouhes, fils de Pierre et de Françoise de la Duguie




Étienne Brothier, fermier de la seigneurie de Chambes, époux de Françoise Marteau
Catherine Dunoyer, épouse Jacques Petit, sieur de la Bougonnière




Charlotte Brothier, épouse, vers 1661, de René Marteau (~1639-1711), fils de Jean et de Marie Brothier
Françoise Petit (~ 1686-1765), épouse, le 19 février 1703, à Ardilleux, Jean Tribot, sieur de Laspière (~1682-1763), fils de François et de Marie Blanchard




Marie Marteau (~1666-1739), épouse, le 269 avril 1694, à Montalembert, d’André Métayer (1668-1733), fils de François et de Françoise Machet
Jean Tribot, notaire à Payroux et à Saint-Martin-l’Ars (1709-1782), épouse, le 8 novembre 1734, à Payroux, Marie-Anne Gayet (1715-1748), fille d’Antoine et de Marie Pascault




Marie Métayer (1704-1746), épouse, le 28 février 1726, à Montalembert, de Jean Couturier (~170-174), bassier à la Font-Nain
Marie-Françoise Tribot (1740-1788), épouse, le 9 février 1768, à Saint-Martin-l’Ars, Jean Lesire (1744-1778), fils de Pierre, sieur de la Brousse, marchand, et de Marie Branthôme




Marie Couturier (1727- ?), épouse, le 10 février 1756, à Montalembert, de Pierre Guillaud (1724-1783), fils de Pierre et d’Anne Sicault
Marie-Françoise Lesire (1771-1837), épouse, le 9 avril 1793, à Saint-Martin-l’Ars, de Pierre Deschamps (1766-1830), cultivateur, fils de Pierre et de Marie Pailloux




Jean Guillaud (1756-1817), sabotier, épouse, le 21 février 1786, à Montalembert, de Jeanne Magdeleine Raffoux (1768-1851), fille de Pierre, bassier, et d’Anne Groussault
Marie-Rose Deschamps (1793- ?), épouse, le 17 janvier 1815, à Payroux, de Pierre Delhoume, laboureur, fils de Jean et de Catherine Rousseau




Jean-Baptiste Guillaud (1808-1868), faiseur de cercles, épouse, le 3 juin 1834, à Montalembert, de Jeanne Chevaux (1811-1882), fille de Jean, propriétaire, et de Jeanne Roy
Catherine Delhoume (1817-1867), épouse, le 19 janvier 1847, à Payroux, de Pierre Crévelier, colon (1821-1888), fils de Jean et d’Antoinette Dupol




Marie-Hélène Guillaud (1837-1875), épouse, le 29 octobre 1860, à Saint-Macoux, de Pierre-Jacques Bardeau (1836- ?), cultivateur et garde-champêtre, fils de François, cultivateur, et de Marie-Magdeleine Texereau
Madeleine Crévelier, couturière, (1850- ?), épouse, le 30 janvier 1866, à Payroux, François Lochon, journalier et chaufournier (1841- ?), fils d’Antoine et de Jeanne Martin




Marie-Léontine Bardeau (1863-1956), épouse, le 9 septembre 1883, à Saint-Gaudent, de Charles Pissard, cultivateur (1859-1923), fils de Jacques, colon, et de Marie Provost
Françoise Lochon (1877-1950), épouse, le 19 janvier 1897, à Charroux, Auguste Guyonnet, cultivateur (1872-1948), fils d’Hypolite-Jean et de Marie Favard




Louis Pissard, épicier (1885-1932), épousa, le 4 octobre 1919, à Saint-Macoux, de Marcelline-Georgine Lebeau (1888-1981), fille d’Alexandre et de Victoire Lebeau
Aimée Marie Louise Guyonnet (1910-1995), épouse, le 28 août 1929, à Saint-Pierre-d’Exideuil, Myrthil Maximin Vallade, métayer (1907-1995), fils de Constant, métayer, et de Juliette Armandine Degorce




le grand-père paternel de l'auteur de cet article
le grand-père maternel de l'auteur de cet article




le père de l'auteur de cet article
la mère de l'auteur de cet article








l'auteur de cet article

Bon, allez, bonne nuit.

mercredi 15 avril 2015

Évasion vendéenne

On lit dans le Bulletin du département de la Vienne, n° XXV :

Du 9e jour du deuxième mois de l'an second de la République Françoise, une & indivisible,

Lisez, aristocrates, & osez vous plaindre,

Le 2 de ce mois d'Octobre, Hyacinthe Thibeaudeau, âgé de dix sept ans, Grenadier de la Garde nationale de Poitiers, est aussi échappé des mains des brigands.
Fait prisonnier à Thouars le 6 Mars dernier, il fut excepté du renvoi que les brigands dirent des autres prisonniers ; lié de cordes, il fut traîné part des brigands à la uite de l'Armée, marchant pieds nus, exténués de faim, de fatigues & de misère, il fut conduit ainsi à Partenay, à la Châtaigneraie, Chantonnay, Cholet, les Épaisses ; il trouva dans cet endroit des compagnons d'infortune, la liberté leur fut rendue peu de temps après, il fut encore seul excepté par les brigands.
Resté ainsi dans une prison, couché sur un pavé humide, n'ayant d'eau & de pain qu'autant qu'il en falloit pour éprouver le cruel supplice de la faim sans en mourir, presque nu, rongé de poux, & dans cet état moqué, outragé par des brigands ses concitoyens, Herbault, Mirel-Desessarts & autres, ils lui faisoient un crime de son nom, de sa famille, & se plaisoient à assouvir toute leur rage sur cet enfant.
Enfin, une femme compatissante du bourg des Épaisses, le retira de cette prison & l'a tenu caché dans des bois.
Les brigands ont eu depuis tant d'affaires & ont fait tant de mouvemens, qu'ils ont comme oubliés ce jeune homme dans sa retraite ; les chefs des brigands le croyant sans doute échapé, l'ont absolument oublié ; il n'osoit cependant s'évader dans la crainte d'être fusillé en route ; mais ayant appris l'entière déroute des brigands, il s'est heureusement sauvé après une captivité de huit mois.

Signé, J.B. Gennet, pour le Secrétaire-général

mardi 14 avril 2015

Le procès des Cinq - 1ère partie

La rue René Descartes, à Poitiers, autrefois appelée la rue de la Prévôté, présente au n°14 un ancien hôtel particulier, comme il en existait autrefois. C'est là que voit le jour Louis-François Clergeau, en 1764. Véritable aventurier, celui-ci partit pour les Grandes Indes en 1788 : il passe en Malador, à travers les Etats du Mogol, voyage en Chine, en Perse, en Khorassan, visite Babylone, Alexandrie, Athènes, Constantinople. Il se voit conférer par l'Impératrice Catherine II le grade de major russe, parcourt l'Allemagne, la Suisse, le Danemark et l'Angleterre... 8 ans plus tard, celui-ci rentre à Poitiers et découvre les ravages de la guillotine.

Début de l'année 1793. Au n°14, rue de la Prévôté, vit Marie-Victoire Clergeau, née Conneau, 53 ans. Son mari, Michel François Clergeau, ancien officier d'artillerie originaire de Rochefort (17), est mort depuis 1776. Elle vit avec son frère, Charles Célestin Conneau, dit Desfontaines, 51 ans, ancien procureur au présidial de Poitiers, désormais procureur de la Commune de Poitiers, et son fils, Jean, qui dirige l'exploitation agricole de la seigneurie de Goupillon, à Vivonne (86).

AD en ligne, Poitiers, paroisse Saint-Cybard,
BMS - 1736-1743, v.91/103
Le jeune Jean Clergeau, 26 ans, avait épousé Marie-Rose Prieur-Chauveau, fille et soeur d'avocats, qui lui a donné un fils, Célestin Ferdinand, en octobre 1792. En cette année 1793, il est avoué. S'il n'attire pas l'attention du public, il n'en reste pas moins à la disposition du Comité de département pour ses oeuvres utiles.

AD en ligne, Poitiers, paroisse Saint-Cybard,
BMS - 1767-1773, v.8/103
Il a pour amis intimes des républicains de son âge, tel son beau-frère, Félix Prieur-Chauveau, le principal du collège Sabourin, et un ex-bénédictin originaire de Loudun (86), Tabart-Mazières, qui a depuis peu fondé un journal local : la Correspondance du Département de la Vienne.

Félix Chauveau, lui, s'est fait une réputation de poète, d'écrivain et d'orateur. Cet ardent jeune homme applaudit la condamnation de Louis XVI, dont il en fait un tyran. Il prononça l'éloge suprême à l'enterrement de Michel Le Peletier de Saint-Fargeau, conventionnel qui, ayant voté la mort du Roi, fut assassiné par le garde-du-corps de Pâris. Chauveau est marié à une demoiselle Duval qui, avec lui, paraissait dans les fêtes civiques et aux séances de la Société populaire. Félix Chauveau n'attirait pas que le regard des jeunes. Son oncle Félix Faulcon dira de lui : "Je l'avais formé, il préférait ma société aux plaisirs plus séduisants de son âge ; tout ce que j'aimais il aimait : la musique, la lecture, la poésie. Il avait un zèle ardent pour la Liberté."

AD en ligne, Poitiers, paroisse Saint-Étienne,
BMS - 1760-1769, v.72/73
Armand Sabourin, lui, est originaire de Thouars, où il est né le 3 mars 1770, fils de Jean Sabourin, marchand de draps et de Magdeleine Frogier. Professeur de philosophie, il exerce les fonctions de principal au collège, même s'il n'en a pas le titre. Il publie une lettre, dans le Journal du département de la Vienne, édition du 29 octobre 1792 :
"Citoyen, j'ai souvent eu occasion de remarquer que la plupart des écoliers externes de notre collège n'y faisoient rien ou n'y faisoient que peu de chose. Je l'attribue aux objets de dissipation qui s'offrent sans règle comme sans cesse à leur rencontre. Pour remédier, autant qu'il est en moi, à cet inconvénient, je vous pris d'annoncer à nos concitoyens que je ferai avec eux tels arrangements qu'il appartiendra pour faire participer leurs enfants au régime intérieur de notre maison, tant en ce qui regarde les récréations honnêtes que les nouveaux moyens d'instruction que je me propose d'introduire, & notamment pour l'écriture & les premiers éléments de la grammaire."
AD en ligne, Thouars, paroisse Saint-Médard,
BMS - 1769-1778, v.17/131
Claude Henry Tabart-Mazières naît à Loudun le 16 décembre 1767. Il est le fils de Claude Tabart, sieur de Mazières, huissier audiencier au baillage de Loudun, et de Marie-Magdeleine Bernier. Ex-bénédictin, Tabart-Mazières est à l'origine un des plus remuants de la Société populaire de Poitiers.
En 1790, il fonde à Loudun une société jacobine correspondant avec celle de Paris. Tous les dimanches, il faisait des conférences sur les droits de l'homme, et se targue d'avoir, par "vingt lettres écrites de sa main", fait arrêter des conspirateurs et des prêtres insermentés. En 1791, à Paris, il tient au courant les gens de Loudun lors de la fuite de Varennes.
Peu après, Tabart-Mazières vient s'installer à Poitiers pour lancer la Correspondance de la Vienne, dans lequel écrivaient avec lui Félix Chauveau, Sabourin ou bien Jouineau-Desloges, ancien rédacteur des Affiches du Poitou : cette feuille a pour but de mettre les gens des campagnes au courant de toutes choses.

AD en ligne, Loudun, paroisse Saint-Pierre-du-Marché,
BMS - 1763-1767, v.134/142
A cette société républicaine, il nous faut y rattacher Pierre François Gabriel Guillot, un breton (il est né à Saint-Servan, ancienne commune rattachée à Saint-Malo, en Ile-et-Vilaine, le 11 juillet 1764). Cousin issu de germain de Jean Clergeau, celui-ci est le fils d'un commissaire de la marine de Saint-Malo, devenu commissaire civil en Guyanne.

AD en ligne, Saint-Servan, BMS - 1764, v.40/67
Avocat au parlement de Paris, Guillot devait remplir les fonctions de commissaire adjoint, aux côtés de son père, et se rendant à Bordeaux pour l'embarquement, il s'arrêta en octobre 1792 chez la veuve de son oncle "à la mode de Bretagne". Il fut reçu à bras ouvert. N'ayant pas trouvé de bateau à Bordeaux, il repart sur Paris, mais se retrouve fort malade en arrivant à Poitiers en novembre. Soigné, de retour dans la capitale, il s'ennuie de l'ambiance poitevine et décide de venir s'installer à Poitiers.

Dès janvier 1793, il reparaît chez Mme Clergeau. Conneau-Desfontaines, grâce à ses relations, avait trouvé une pension chez M. Crémière. Cependant, dès leur première rencontre, Guillot et Tabart-Mazières se prirent en amitié et le nouveau venu décida de s'installer chez le sieur Sabourin, hôte du jeune ex-bénédictin. Le principal du Collège se prête à la combinaison.
Ces jeunes gens n'auront-ils pas sous la main la tribune et la bibliothèque ?

Le 21 janvier 1793, Guillot soumet à la société tout un plan tendant à organiser à Poitiers la "bienfaisance publique" : il s'agira pour lui de diviser la ville en six sections, chacune administrée par un bureau. Des délégués des bureaux constitueront une sorte de Comité central, où siège le maire et éventuellement l'évêque ou le curé. Chaque bureau compterait un président, vice-président, secrétaire et trésorier, ainsi que des commissaires distribuant de la filasse, du coton, ou de la laine aux femmes sans travail. On assistera les femmes en couches, on soignera les malades. Le projet de Guillot connaît un grand enthousiasme, car on sent chez lui cette vague patriotique qui "respire la candeur républicaine". Galant avec les dames, on ne tarde pas à évoquer le mariage : or, le beau-père de Félix Chauveau, l'avocat Duval, a encore deux filles à marier. Mme Clergeau, proche de la famille Duval, entreprend de décider de fiançailles avec l'une de ces filles, fort appréciée par Guillot.

Le destin en décide autrement : le 20 mars 1793, le jeune homme, accompagné par son fidèle ami Tabart-Mazières, fait parti d'une troupe d'hommes partant pour la Vendée. Conneau-Desfontaines fait mettre à sa disposition un habit de garde national et un cheval. Mme Clergeau avance un peu d'argent et Mme Chauveau lui prêtre le sabre de son mari absent. 

Dans le journal de Tabart-Mazières, paraît alors des articles concernant cette épopée, l'information étant directement relayée par le jeune ex-bénédictin :
"20 mars : il est parti ce matin un détachement composé de 200 hommes d'infanterie, 100 de cavalerie, 8 artilleurs, avec 4 canons de campagne. Sa première destination étoit pour Thouars ; mais, d'après la nouvelle, reçue deux heures après son départ, qu'on avoit délogé les brigands des environs de Vihiers, le département lui a envoyé contre-ordre, pour se porter du côté de Montreuil-Bellay, où il doit se joindre à nos frères de Saumur, d'Angers, etc... Les opérations du nouveau comité central de surveillance sont dans la plus grande activité. Nous rendrons compte des résultats qui viendront à notre connoissance."
"du 24, un courrier annonce un échec qu'ont reçu les brigands ; 1200 sont conduits prisonniers à Nantes. Ces scélérats commencent à être connus. On a surpris une correspondance qui donnera des renseignements précieux. 23 bataillons, 2 régimens de cavalerie, 53 pièces de campagne, marchent contre eux, sous les ordres du général Labourdonnaye."
Un mois plus tard, Guillot écrit à Mme Clergeau, se plaignant du mauvais temps, du rude métier de la guerre. Après un bal donné aux dames d'Airvault (79), le 27 avril, la troupe se rend à Thouars, et Guillot et Tarbart-Mazières tombent aux mains de l'ennemi le 5 mai.

Sources : Le procès des Cinq, par Henri Carré, 1934.  La préparation de la guerre de Vendée, par Charles-Louis Chassin, 1892. 

lundi 13 avril 2015

La boisselée

Une question a été posé par un ami et je me permets de revenir ici sur les différentes mesures de la boisselée qu'on peut trouver dans le secteur de mes recherches.

La boisselée est la surface qu'un boisseau peut ensemencer. D'après Charles Deulin, dans Le Poirier de la Misère, "on calcula qu'en trois jours chaque homme avait mangé une boisselée de grain, sans compter la viande et les légumes."

La complexité vient que la quantité de nourriture variait d'une région à l'autre, voire entre deux villes voisines.

Voilà les différentes mesures trouvées dans la bibliographie :

lieuxancienne
province
département
actuel
mesure de
la boisselée
(en ares)
RuffecAngoumoisCharente22 à 25 (1)
Lusignan,
Saint-Sauvant,
Sanxay
PoitouVienne25 (1)
24,312 (2)
La Mothe-Saint-Héray,
Xantray
PoitouDeux-Sèvres25 (1)
24,312 (2)
Civray
Chaunay,
Charroux,
Joussé,
Saint-Martin-l'Ars,
Charroux
PoitouVienne15 (1)
15,20 (2)
Sauzé-VaussaisPoitouDeux-Sèvres15 (1)
15,195 (2)
CouhéPoitouVienne27,35 (2)
Availles-LimouzinePoitouVienne13,65 (2)
Usson-du-PoitouPoitouVienne10,10 (2)
VivonnePoitouVienne13,68 (2)
Chef-Boutonne,
Mairé-Levescault,
Melle
PoitouDeux-Sèvres15,195 (2)
ChenayPoitouDeux-Sèvres24,812 (2)
GençayPoitouVienne11,40 (2)


Si vous en avez d'autres, je suis preneur, merci !

Les sources :

dimanche 12 avril 2015

Mort subite par la chute d'un degré à terre

Quelle drôle de découverte peut-on faire lorsqu'on fouille dans les registres. Tenez, voilà la bien étonnante et curieuse cause de décès d'Antoine Nau, vieillard de 80 ans (ou environ), mort durant l'été 1684, et qui fut inhumé en présence de l'un de mes ancêtres, le menuisier François Lusson :




« Le seiziesme jour de juillet mil six cens quatrevingt quatre, a esté inhumé dans le cimetiere neuf Antoine Nau âgé de quatrevingt ans ou environ, estant decedé de mort subite par la chûte d'un degré a terre sans avoir peu recevoir les sacremens ; led enterrement fait par moy prestre soussigné curé de cette eglise de St Nicolas de Civray, et de St Pierre d'Exideuil son annexe, en presence de François Lucon, menuisier, Guillaume magnan, Simon Feuillet, Philippe Fantin, qui ne savent signer et autres. Veriet, prêtre curé susd. »




Archives départementales de la Vienne en ligne, Civray, BMS - 1682-1684, v. 88/98
Étant donné que mon ancêtre François Lusson était l'époux de Jeanne Naud, je me demande bien si le défunt n'était pas son beau-père, donc un de mes ancêtres.

dimanche 15 mars 2015

On reparle des grottes du Chaffaud

La Pissarderie y était.
Salle de la mairie de Savigné — Les Amis des grottes du Chaffaud

Le Journal de Civray, 176e année, n°9, du 26 février au 4 mars 2015, p. 5

mardi 17 février 2015

Baptisé sous la chaise ?

Voici une bien drôle d'expression.
Un enfant est inhumé après avoir été "baptisé sous la chaise". A-t'il été baptisé dans l'urgence par la sage femme, dont on note la présence à l'enterrement ?

Poitiers, Sainte-Radégonde,
BMS - 1766-1775, v. 105/140
"Le vingt un [octobre 1772] a eté enterré un enfant baptisé sous la chaise fils légitime de françois decombe et de louise boutineau en presence de la sage femme de philippe rouault et et plusieurs autres."

jeudi 12 février 2015

La vie dans le Civraisien à l'époque de Louis XIV

La Pissarderie y était.
Salle annexe de la mairie de Civray — Les Amis du Pays Civraisien


Rodolphe Tillet a évoqué de manière magistrale la vie sociale, économique et judiciaire sous le règne de Louis XIV, notamment sur la période de la monarchie absolue (1661-1715), traversée par les guerres, les crises économiques, les catastrophes météorologiques (le grand hiver de 1709 par ex.).

dimanche 25 janvier 2015

Les erreurs de lectures sont tenaces

Petite curiosité insolite découverte dans l'un des registres paroissiaux des Sables-d'Olonne (Vendée), paroisse de Notre-Dame (M - 1631-1650, v.196/211).


Comme quoi, les erreurs de lecture sont tenaces, même 140 ans plus tard !