dimanche 26 août 2012

Lettres d'un Curé des environs de Civrai (8)


AdP 03/04-26/06/1788, v.18
Du 29 mai 1788

Lettre d’un Curé des environs de Civrai, à l’Auteur des Affiches

Il règne, M., dans les environs de Civrai, une maladie occasionnée par une fièvre scarlatine très dangereuse & très maligne, qui s’annonce toujours par un mal de gorge, par une respiration gênée & laborieuse. J’ai soulagé plusieurs de mes paroissiens par un remède très simple. Je prends une livre de sucre que je fais fondre dans une pinte de vinaigre : on prend une cuillerée de ce sirop, qu’on mêle avec cinq cuillerées d’eau, que le malade doit boire avec plaisir, & souvent.
Je prends ensuite de l’herbe à Robert, geranium Robertianum, connue par les paysans sous le nom de pied-rouge ; je la fais hacher & arroser de vinaigre, & je la fais placer sous les oreilles du malade ; ce qui diminue la douleur.
J’ai feuilleté mon savant & fidelle Buchan ; je vois que cette maladie imite celle qui règna & fit tant de ravages à Édimbourg en 1774.
L’expérience a prouvé dans ce pays-ci que les saignées, purgatifs & remèdes rafraîchissants ne sont pas convenables pour cette maladie.
Comme on vient de m’apprendre qu’elle fait des ravages dans l’Angoumois & le Bas Poitou, je m’empresse de recommander l’usage de ce remède simple & naturel, que j’ai éprouvé avec le plus grand succès.
Je ne saurois trop recommander pour la même maladie l’usagede la tisane faite avec de la racine de houblon-lupulcos ; je viens d’éprouver tout-à-l’heure que cette tisane chasse vivement au dehors la matière morbisique.
Je ne douterois pas, d’après cette expérience nouvelle, que la bière ne fût très bonne pour cette maladie.
On craint dans ce pays-ci qu’elle ne devienne épidémmique ; ce qui m’engage à publier l’usage heureux de mon remède simple & naturel, qui sera sûrement contredit & regardé avec indifférence : mais j’ose protester, avec toute la candeur que l’intérêt de l’humanité exige de moi, que je défierois plutôt soulager mes semblables que de vouloir prétendre à l’opinion d’un seul homme.
J’ai l’honneur d’être, &c.

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