mercredi 1 juin 2016

Adjonction d'une propriété au nom de famille

À la révolution, "certaines familles bourgeoises ayant réussi ne résistaient pas à l'envie de se distinguer du menu peuple. La création de noms "doubles" permettait d'afficher cette différence. Ces noms pouvaient être créés par l'adjonction du nom d'une propriété terrienne, voire en pérennisant une alliance par la conservation des deux noms accolés" (Heredis).
Si j'ai fréquemment rencontré ce cas de figure dans mes recherches sur les Noms du Poitou, et même étant concerné par des familles locales à l'aisance notoire (deux frères Lesire de Saint-Martin-l'Ars, les sieur des Touches et sieur de la Brousse, dont les descendants après la révolution s'adjoindront les titres de "Destouches" et "Labrousse"), je ne pensais pas qu'une branche de la famille Pissard serait concernée. Si certains sont cultivateurs et propriétaires plus ou moins modestes, une famille se distingue : de Saint-Macoux, point de départ, nous passons à Charroux, à quelques encablures plus à l'est :

Jean Pissard,
né vers 1673 et inhumé le 12 janvier 1749 à Saint-Macoux, second époux de Françoise Magnan

Jean Pissard,
né vers 1691, inhumé le 12 janvier 1749, époux de Marie Robin

Pierre Pissard,
marchand fermier, cabaretier, sargetier, baptisé le 30 avril 1738 à Saint-Saviol et mort le 17 nivôse de l'an XIII à Voulême, époux de Marie-Anne Pichereau

Pierre-Jean Pissard,
fermier à Rochemeau, baptisé le 17 février 1761 à Saint-Macoux et décédé le 24 août 1793 à Charroux, marié à Marie Sainturet




Pierre-Jean Pissard est né le 16 février 1761 et est baptisé le lendemain à Saint-Macoux. Son père, Pierre, est sargetier au Breuil-d'Haleine. Sa mère, Marie-Anne Pichereau, est originaire de Charroux.

AD86, Saint-Macoux, BMS - 1761-1772, v. 2/97

C'est à Charroux, justement, que Pierre-Jean Pissard épouse, le 23 juillet 1793, Marie Sainturet, fille de Jean, cordonnier, et de Marguerite Faudrais. C'est lors de ce mariage qu'on découvre l'adjonction d'un titre à son patronyme : il porte désormais le nom de Pissard-Dubreuil. Choix singulier, pour ce fermier à Rochemeau, que de porter en suffixe le nom de son village natal !

AD86, Charroux, N - 1793-1799 (an VII), v. 19/106

Cela ne va pas lui porter chance : il meurt chez lui le 24 août suivant, décès rapporté par Antoine Pissard, tailleur d'habits à Ruffec (je l'évoquerai dans un prochain article), et Jacques Pissard, boulanger à Voulême, ses frères.

Son épouse donne naissance, le 21 floréal de l'an II (10 mai 1794), à son fils posthume, Pierre-Jean-Jacques Pissard. Sa mère décède 6 frimaire de l'an IV (27 novembre 1795).
Celui-ci, conscrit de 1814, est jugé capable de servir et est désigné pour le contingent de l'armée active. Par la suite, il devient cordonnier, et épouse, le 18 novembre 1822, à Charroux, Marie-Anne Claire Lagrange, couturière, fille de Gabriel et de Marie Texier. Peut-être parce qu'il est orphelin très jeune, son nom est écorché en Pissard-Dutreuil, déformation que ses deux premiers enfants vont acquérir :
  • Charles-Augustin, né le 28 août 1824 à Charroux, où il mourut le 18 octobre 1825.
  • Marie-Anne Claire, née le 21 août 1826 à Charroux, où elle épouse, le 27 août 1849, Félix Texier, cordonnier à Poitiers, fils de François et de Victoire Pasquet. J'ai perdu la trace de cette femme, jusqu'à ce que je recense les Pissard sur Paris, lors de la mise en ligne des archives départementales : elle est veuve et se remarie, le 21 mai 1874, à Paris, 14e arrondissement, à Gervais Chauvin, rabatteur de parquets, originaire de la Mayenne, fils de Gervais et de Marie Raison, veuf en premières noces de Marie-Césarine Jardin. Elle décède le 22 août 1898, dans le 13e arrondissement.

AD75, 13e arr., 22/08/1898, v. 13/31

Pierre-Jean-Jacques Pissard, rendu veuf le 10 janvier 1828, se remarie, le 5 novembre suivant, à Néomée Bouthet, fille de Jean, tailleur d'habits, et de Radégonde Texier. Les enfants qui suivent perdent l'adjonction, redevenant des Pissard :
  • Jean-Pierre, né le 5 octobre 1829 à Charroux, qui épouse, le 26 octobre 1852, à Chauvigny, Catherine Nadeau, domestique, fille de Jacques, cultivateur, et de Louise Fontenil. Il a été plâtrier, peintre puis plafonneur à Poitiers, où il meurt le 15 mai 1898, en son domicile, sis 97, rue Cornet. Il n'a pas eu d'enfant, semble-t-il.
  • son frère François-Xavier, né le 5 décembre 1836 à Charroux. Je n'ai retrouvé aucune trace de ce garçon, qui n'apparaît pas dans les listes des conscrits de 1856.

2 commentaires:

  1. C'est amusant, dans ma généalogie, c'est bien avant la Révolution qu'un nom de "domaine" est venu s'accoler au patronyme original

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    1. J'ai aussi trouvé quelques adjonctions sous l'ancien régime, plutôt sporadique. A la révolution, ce phénomène explose.

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